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( Extrait ) … Pour être sincère et désolé, à l’époque, la philosophie de Teillard de Chardin me faisait rire ! Je la trouvais idéologiquement catho naïve et faussement émotive. Elle a contribué à développer l’esthétique des années soixante, lorsque l‘église catholique introduit dans sa décoration le kitsch semi abstrait et symbolique : les autels en forme de trapèze et les bondieuseries aérodynamiques, les dessins en aplats aux couleurs primaires. Je crois bien que les idées de Teillard de Chardin forment la pensée philosophique qui m’a le plus fait rire. Qu’on me pardonne ces raccourcis légers. En règle générale, les systèmes philosophiques me font toujours respectueusement rire : N’y retrouve-t-on pas toujours ces sortes de coqs, comme celui d’Asclépios, dont nous sommes les débiteurs. Par exemple, le coq de Kant, volontaire, catégorique et libre chante tous les matins à heure fixe sur un tas de fumier qui ne sent pas le fumier, qu’on le veuille ou non, il nous réveille. Celui de Nietzsche, chante au sommet d’une montagne, mais ne peut nous créditer d’un cocorico à la Tannahauser, assourdissant, alors que nous subissons son aigrelette horloge qui retarde et puis c’est un mutant qui redescendra de sa montagne et terminera sa vie moitié coq moitié cheval sur une autoroute, hybride écrasé par un camion américain. Celui de Heidegger, fourvoyé dans le semblant être, pendant cet automne, lorsque meurent les criquets, chemine, chemine, chemine, n’en finit pas de cheminer. Et l’on suppose que tout en étant ce qu’il doit être nous interroge : sommes-nous lui ? Ce coq-là ? Celui de Marx, par rebonds, monté sur un bidon avant le crépuscule casuel des dieux de l’argent annoncé poings levés, pose la question : que faire pour agrémenter ce monde pourri ? Question unilatérale qui peut (pour économiser du temps ?) ne mener qu’à de multiples tragédies. Tant et tant de coqs égorgés aux sagaies de la pensée et leur sang versé en sacrifice sur la tombe des ancêtres. Chez quiconque, prophètes ou suiveurs, Cherchez le coq, vous comprendrez la pensée …