farioli
27 mar

Mort Vivante


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Adossé au chambranle de sa fenêtre, levant la tête, Murbick pu voir s’amonceler au-dessus des montagnes couleur de soufre, le plomb et l’or des nuages se contrarier. Un petit vent frais parcouru la lande et les avertissements d’un orage imminent se propageaient à travers tout ce qui était vivant.
Il avait quarante-deux ans et l’humanité venait de découvrir une nouvelle planète aux confins du système solaire, un monde glacial perdu, une accrétion de matière dont on ne connaissait pour l’instant ni l’histoire ni la destinée. Empédocle, le probable inventeur de la rhétorique, trottait dans ses méninges avec un bâton d’olivier dans la main gauche…

Faire succéder un beau temps aux noires pluies
Et donner aux hommes, au lieu des étés torrides,
Les ondées bienfaisantes aux arbres, qui viennent en été,
Et tu rappelleras le mort des enfers pour lui rendre sa force.

Avec un sourire forcé, Murbick se remémora son dernier acte sexuel avec sa compagne, quelque chose du désir et du désespoir.
Voilà. Sa vie avait atteint un pic et maintenant ce ne pouvait être qu’une longue désescalade. Et puis, ce goût des mots et des choses de la vie, le diamant porteur de rêve, de mystère et de magie ; ces choses qu’il gardait précieusement dans son petit coffre mental se dissipaient, rejoignaient avec une vitesse infinie, plus un, la zone abstraite des multiples univers mentaux qui n’ont ni dimensions ni équation ni écriture  ni verbe. Le goût et les choses n’avaient même plus la consistance d’une madeleine industrielle, et le diamant ne scintillait plus que pour lui-même.
Murbick en proie à cette viduité ressentait néanmoins la force d’une joie implacable. Et oui ! , bien plus que oui !, Murbick qui avait tant aimé la vie commençait maintenant à tomber amoureux de la mort. Amour passion, amour fusion en devenir. C’est comme cela : un frisson d’abord, une pensée claire ensuite, quelques actes de séduction et c’est l’amour. Désormais, il pouvait rêver d’autre chose. Rêver d’un questionnement par lequel toutes les réponses étaient rendues possibles : il inhalait les fragrances de la mort. Seul l’amour de la mort donne ce droit inaliénable et non aliéné de répondre à toutes les questions avec une liberté sans limites, moins une. Moins une, parce que le seuil vers la bien aimée n’est pas encore franchi. Murbick devenait libre. Le ciel gronda, gronda encore et il commença à pleuvoir.