farioli
28 juin

C’est toi, vieux frère ?


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- Je suis la larme de l’univers.

- Comment peux-tu dire une chose pareille. Tant de vanité (sûrement pas, te connaissant). À la limite les humains sont la larme de l’univers et encore !, peut-être ce qui semble être notre galaxie est la larme de l’univers. Et en plus tu sais, comme tu l’as dit : il n’y a pas d’univers.

 - Je suis la larme de l’univers.

 - Et moi je suis Napoléon.

- Il me l’a dit.

- Moi c’est Joséphine qui me l’a dit.

- Bon je vais essayer de te parler, d’arriver vers toi, mais tache d’entendre mes paroles muettes. En fait, tu as raison, l’univers n’existe pas, mais il faut un mot au langage pour dire ce qui semble nous inclure. Voilà comment cela se passe. J’aurais pu dire tout se passe comme si, mais je change de formule pour prendre une autre route que. Tout ce qui nous semble nous inclure, j’appelle cela : « vieux frère » (Gatsby le Magnifique). Comme tous les mots sont trompeurs, je me débrouille pour les tromper pendant qu’ils me trompent et me font tromper, c’est plus que trompeter avec les mots, c’est les envoyer aller ce faire voir ailleurs, si tu y es.  

- « Vieux frère », l’univers ?

- On  croit que, mais en fait c’est bien plus simple que cela en a l’air lorsque tu poses la bonne question.

- Quelle question ?

- Tu sais Gauguin et son truc à deux balles : d’où venons nous… Na mani et nana khmère.

- Ce sont des questions de débutant en philosophie tu veux dire.

-  Non ce sont des questions d’enfants gâtés. Enfants, gâtés ou non, nous sommes tous victimes des langages et parfois, rarement, adultes, nous essayons d’en déjouer les pièges. J’avais un ami mathématicien. Trois personnes au monde le comprenaient. Une est morte  (une vraie catastrophe) et il s’est fâché avec l’autre pour une histoire de cul. Cela a fait deux personnes les plus seules du monde. Pendant longtemps je me suis demandé si on pouvait dire que leurs  expériences  de pensée appartenaient au monde.

- Non. Si peu. « Demain » n’est pas encore au monde, il nous trotte seulement dans la tête.

- Oui, c’est un peu comme cela. Donc, disais-je, comment cela se passe ?

- Comment ?

- Cela ne se passe pas. Tu sais que la pensée est  toujours cocufiée par le langage. Mais si je veux  te faire partager mes pensées, il me faut utiliser « notre » langage. Rien d’autre ne le peut. Si au lieu d’écrire ou de penser je filme, c’est  un langage, le langage des humains (nous ici) ,  codé d’un moment précis de leur histoire.

- Banal de chou rouge.

- Oui. Lorsque je t’ai dit : je suis la larme de l’univers, je pensais que  tu comprenais ce dont il était question.

- J’avais très bien compris, je voulais seulement que tu trouves par toi-même le piège du langage dans lequel tu étais tombé en ne disant pas : je suis l’alarme de l’univers. Car tu ne peux qu’être l’alarme de ton « vieux frère », son réveil matin en quelque sorte. 

- Non !, son réveil nocturne. Mais revenons à la question ultime et fatale, quelle serait cette question pour toi ?

- La seule question fatale, pour moi,  se résume en un mot : pourquoi ? et la réponse, en deux, est : parce que !

- Je vois que tu as fait une halte en chemin. La pente est trop raide, alors tu te contentes du flou. Le flou c’est le début d’une religion la fin de toutes les espérances de penser librement en mettant la pensée à la diète du langage et il n’existe rien qui inclut la pensée. C’est la grande contradiction. Le dieu des fourmis a compris cela en se camouflant dans l’aléatoire.

- N’est-ce pas une simple impression ? La vérité n’est-elle pas que la pensée soit borgne?, puisque unidirectionnelle de toi à toi.

- C’est pour cela que pour « le vieux frère» le grand saut quantitatif c’est la conscience.

- Ce « vieux frère »?, encore ?, précise !     

- Difficile j’ai du mal à trouver dans le langage une formule qui pose la question fatale  qui est pour moi,  mal dit : est-ce de l’inclusion ou de l’exclusion ? Ce qui pose problème c’est la conscience. Tant qu’il y a eu des mammouths ou des opossums tout va bien, on comprend. La variation c’est le résultat des possibilités. Ok ! pas de problème, à un chouya (?) près, Darwin  n ‘a pas ruiné notre âme. Déjà, dans l’animal, le langage fait son entrée sans doute commencé bien avant dès les premiers pas de la vie. La guerre des arbres, la prédation, montrent que l’essentiel est de surgir, mais surgir signifie surgir ensemble, surgir plus,  cela implique le langage. Pas de problème. C’est l’interconnexion qui semble nous apparaître comme la substance intime du « vieux frère. » Avec la pensée et la conscience, « le vieux frère » se réveille, après sa tétée vitale, il a entendu : le dring-dring et ce dring-dring, c’est lui.  « Le vieux frère » est lui et le réveil et le son du réveil et tout ce qui l’inclue et l’exclue ne peut être prononcé, car il n’y a rien qui ne soit  autre que« le vieux frère » et son réveil en lui.

- Et toi tu es sa larme.

- Oui !, son arme, ici, pour.

- Pour ?

 

 - Là, s’arrête ma conscience. Pour ? c’est vraiment l’ultime pas de ma montée. Je ne sais pas si je peux en faire d’autre. Celui-là   j’ai mis plus de soixante ans pour le faire. Je crois (triste à dire) que je vais continuer à l’accomplir sans pouvoir aller plus loin.

- Toute cette vie pour ce pour ?

- Oui !, une vie. Et ce pour, qui est  presque un  (ton) pourquoi, ne me donne aucune réponse. Si « le vieux frère » pleure moi-même, je ne sais pas quel est le sujet de ses pleurs.

 

- Tu es le sujet de ces pleurs. Sans doute l’émoi de se découvrir. L’univers, ton « vieux frère » au réveil est ému, il pleure. Tu es sa larme fatale. Mais pense que si au lieu d’être sa larme tu étais son rire. Le rire est le propre de l’homme dit-on trivialement, la conscience, cela prête plus à rire qu’à pleurer.

- Non. Il y a aussi le pleur de l’enfance : le stade anal pleurnichard qui donnera dans un futur lointain  le stade anal éthique.

- Tu imagines le vieux frère en couche-culotte ?

- Sans doute, ici, il vient juste d’ouvrir les yeux et il sait.

- Le problème c’est  ce « il ».

- Exactement ! Pour nous c’est ce il qui nous gâche le plaisir d’en savoir plus, maintenant.