farioli
03 mai

Bas les masques !


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surrtyu12

Ici, l’éleveur se sentait uni dans la croyance à la solidarité rédemptrice, dans la croyance au troupeau assujetti, donc à lui. Du reste n’y avait-il pas enregistré sa musique ? L’ensemble des sons mêlés, que les porcs produisaient : grognements, cognements contre les barres d’incarcération, abreuvements, défécations contrapuntiques, représentait pour lui – avec le musette pour les sentiments – le summum de l’art musical, dont ce système productif, le plus rentable possible à produire de la cochonnaille de qualité supérieure, était l’auteur abstrait. En quelque sorte la nature concentrationnaire de la porcherie peut créer de la musique qui espère, quand, dans l’immensité, les corps célestes créent la musique des sphères. Cela posé, il est possible de deviner pourquoi l’éleveur s’éleva l’esprit avec ces symphonies répétitives, produits aléatoires de la bestialité cent pour cent pur porc et de la vie contrainte à une finalité charcutière. Ne faudrait-il pas voir là un élan supplémentaire – une tension autre que vitale – de la chair vers ce qu’elle peut donner : le meilleur d’elle-même, son inflation avec l’apothéose du petit-salé
Pour atteindre cette beauté, élevée sur caillebotis, en vue de marchandises quarante-cinq pour cent de matière grasse, il faut contrôler la fureur, il faut les vibrations du groin, la morve branlante qui suinte, la gloutonnerie des mères devant leur placenta, les barbotages des langues cocasses dans les auges, la libération continuelle des gaz, l’expansion de ces âmes damnées à faire le lard. Sons anxieux du cochon en partance pour l’abattoir ou sons répétitifs, augurant la mort du cochon innocent que l’on va égorger et déterger. Magnifiques lamenti polyphoniques qui surviennent de la pulsion de vie, se développent avec la crainte du devenir porcin sitôt la pendaison par les pieds, et s’achèvent par syncopes, dès le couteau planté sec dans la gorge. Les saccades du sang chaud, oxigénifère, dans le baquet galvanisé, accentuent les hurlements jusqu’au silence qui ruisselle vers le sublime quand la vie, enfin s’éjouit et s’exode :
— Tiens, tiens, tiens, voilà du boudin ! Tiens, voilà la rédemption.