farioli
23 mar

Fièvres (2)


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jpg33gnyzctx1.jpg…Notre distinction, notre singularité, nous confinent dans l’angulaire et exceptionnelle approche du monde unique et définitif qui peut être considéré comme la totalité de l’Etre en nous… Tout ce qui n’est pas du domaine de ma singularité est une dérivée inaccessible, avec laquelle je ne peux communiquer que de manière plus ou moins floue. Si l’esprit s’aguerrit dans cette singularité ce n’est pas parce qu’il pratique un nomadisme abstrait, extra-muros, en goguette, dans les limbes du temps afin de croire déjeuner avec l’Etre, mais parce que la conjonction des convergences asymétriques des multiples parties non finies d’humains, rend possible l’atteinte d’un niveau supérieur de la matière, auquel ne peuvent plus parvenir les limaces et les pucerons. Notre esprit ayant pris acte de cette progression historique, légifère dans sa zone d’influence. Plus les êtres vivants se sont différenciés, plus grande fut le nombre de combinaisons moléculaires créées en corrélation de morphogenèses plus saillantes, plus grande fut la mémoire et son utilisation, plus s’intensifia l’intervention entre les êtres vivants et le réel physique, autour et dedans eux. Mais nous piétinons dans cette dimension et nulle part ailleurs. N’est-ce pas la terrible révélation de la vie comme une impasse ne menant nulle part, qu’ici, ou à-peu-près là ?…

 La vie sera toujours la victime des circonstances et des lois de la physique qu’elle ne pourra jamais modifier. Chacun trouve son ego, malgré le sens du relatif, plus important pour lui que tout ce qui l’entoure. L’individu le plus charitable s’occupe toujours plus de lui, que des autres, sans doute s’occupe-t-il de lui à travers son occupation des autres : l’altruisme est une stratégie d’autodéfense, un souci de la conservation, soit de nous soit d’une prolongation de nous dans les autres, un parasitisme moral, nécessaire pour la survie de l’espèce. Rien dans la nature ne peut exprimer notre goût immodéré de notre propre acuité. Chacun reste persuadé, y compris au moment le plus négatif de son existence, que son acuité est plus centrale que celle des autres, puisque l’acuité des autres nous apparaît toujours de façon indirecte. Ses dissemblances sont sans doute égales, quoique cette probabilité soit improuvable, un facteur anonyme de différence. L’esprit universel ne peut partager ma définition et mon incomplétude. Il ne peut partager, à mon niveau, mes émois. Il est d’un autre côté, inclus et perdu dans sa singularité ouverte, incluant sans la partager ma singularité ouverte. « Même ici les dieux sont présents » a dit Héraclite en désignant le four auprès duquel il se chauffait. Si les dieux sont aussi présents dans notre mémoire, ne sommes-nous alors que la mémoire des dieux ? Au cours du livre de prières et d’incantations du Moyen Empire, papyrus de vingt mètres de long qu’est le Livre des Morts on peut lire ce passage magique et étrange :
«  Je suis le dieu grand qui se crée lui-même… Je suis hier et je connais demain… je suis la source des existences et des êtres… Tu es le ciel, la terre, l’eau, l’air et leurs habitants. »
L’Esprit universel, s’il est circonscrit dans une singularité plus distinctive que la mienne devrait être capable d’une perception illimitée et d’une extension illimitée. La question de l’autonomie des singularités d’ordre différent, de leurs interactions génitrices ou non, restera toujours une installation philosophique de trop-plein, permettant d’écouler réceptivités et significations. Le sens dont se nourrit notre conscience a sans doute ses transitions de phases, c’est à dire une physique. Or, la pensée ne possède pas de dimension pour se figer…Plus elle est profonde, plus elle est fluide, plus grande est la probabilité d’y diluer… Terre, ciel, eau, air, et leurs habitants.