farioli
11 août

Flop (no mores)


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LA GRENOUILLE

Rien ne s’oppose à ce que l’on puisse rêver de mots ultimes. L’homme raisonnable accomplit si peu. Mais il sera difficile de faire mieux que la fatalité du célèbre haïku :

Le vieil étang

Une grenouille plonge

Plop.

J’ai essayé sans tenir compte du décalage linguistique d’améliorer le sens vertébral de ce texte, quoique notre langue se prête mal à ce genre d’exercice :

Sous la pierre du ruisseau

La grenouille n’escompte pas

Faire flop.

Ce qui m’a guidé, c’est une certaine recherche de l’humilité par rapport au concept ; mais il faut en reconnaître les faiblesses artificieuses suivantes :

Sous la pierre du ruisseau, a moins de force tellurique que le vieil étang. La pierre du ruisseau n’indique rien de précis sur l’espace temps qui va introduire la figure de l’ultime ; il y a quantité de pierres dans des quantités de ruisseaux quand il n’y a qu’un seul vieil étang, trope de l’aboutissement, sorte d’ensemble final ou de dernière surface de la conscience. Le mot vieil modifie le mot étang et réciproquement, mouvement circulaire et linéairement ralenti, fin de course de toutes les modifications des réels. Au bord du vieil étang on est au bord du temps, au bord de toutes les histoires des morphogénèses, au dernier acte dans l’histoire des conflits. Sous la pierre du ruisseau, ce trait indique une version intimiste et champêtre de l’histoire du monde. La fin ainsi exprimée serait comme une enclave parmi d’autres enclave, l’affirmer revient à faire une métaphore du secret qui n’a de secret que parce qu’on a pas le temps de vérifier sous les pierres. Des univers ont dû surgir ou s’effacer sous les pierres des ruisseaux, toutes sortes d’histoires tragiques et comiques ont du s’y dérouler et continuent de s’y dérouler parce que c’est un domaine particulier des tensions organiques, en tant que niche écologique induite par les nécessités du camouflage et de l’affût. Ce lieu favorise les grenouilles elles y trouvent plus la vie que la mort.

La grenouille n’escompte pas donne une espèce d’intention foireuse, car il n’y a rien d’ intéressant à dire sur l’ id d’une grenouille à moins d’entendre grenouille comme une métaphore de l’homme grenouille ou comme une métaphore vulgaire de l’individu ayant des intentions.

Faire plop ou faire flop. Je préfère flop, on peut entendre la valeur du rebondissement, le liquide heurté, puis la disparition du batracien. Cette disparition n’est pas ultime si l’on tient compte du temps de latence pour que l’eau reprenne sa place : la dissymétrie que produit le bond de la petite bête sur le liquide réclame la resymétrisation de l’élément perturbé. Lorsque plop n’est qu’une interruption simple et nette flop contient le refermement, une désactivation du néant c’est-à-dire une sérénité temporelle pour donner un moment entre un néant qui ne commence plus rien, par rapport à l’absence définitive de néant.

Ainsi entendu flop est mieux que plop, si l’on veut indiquer une expression ultime non optimiste de la fin : c’est le bruit du diaphragme de la dernière photo de la dernière pellicule sans mémoire potentielle. Plop au contraire est l’irruption réversible de la mémoire, c’est une version optimiste de la fin, avec cette suggestion que quelqu’un pourra développer la dernière image ou en tirer une leçon philosophique.

Sur un autre ordre j’ai écrit :

Du rocher dans la mer

La grenouille plonge

Flop.

L’intime gagne encore du sens par rapport au tout, cependant on perd beaucoup de force philosophique. Il y a aussi un effet peu spirituel d’humour pseudo oriental. Du rocher dans la mer, traite de la réversibilité de la flèche du temps, le batracien retournant à l’élément fondateur de la vie. En réalité, les circonstances pour qu’une grenouille retourne dans la mer relèvent d’un drame burlesque, mais on peut y voir aussi traiter d’une agréable chose : le bouleversement des lois physiques, d’un monde ou les grenouilles sautent dans les mers. L’usage du mot flop dans cet exemple reste incorrect. La salinité de l’eau de mer ne permet pas l’idée du rebondissement. J’ai vérifié que l’eau de mer ne fait pas flop.

Il m’a fallut du temps et de l’expérience pour arriver au joyau suivant :

Dans l’eau ancienne

La grenouille à plongé

Flop.

Ici, pour orner d’un dernier rituel la dissolution irréversible de la mémoire, flop devient une ultime splendeur, car l’ensemble s’annihile à l’instant ultime du rebond du flop, grâce à a plongé. L’eau ancienne précise la question Nietzschéenne de la fin des cycles, c’est-à-dire la fin des combinaisons possibles. On donne l’idée que les lois physiques sont épuisées, que le sens est épuisé, que la conscience qui a permis les dimensions, permet à la grenouille de clore ses effets. Au moment du rebondissement du flop ouï par la grenouille au cours de ce dernier transit. Tout se passe comme si pour la dernière fois, il suffisait de l’acte d’une grenouille pour rendre le néant symétrique à lui même. Il sera toujours impossible – autrement qu’avec une certaine poétique – de fixer les limites du commencement ou de la fin des choses, poser le problème, c’est déjà impliquer une erreur dans le jugement. Car, il y a dans les idées portées par les hypothèses de fin et de commencement, des concepts d’interruption qui suposent un total contrôle du sens de ce qui peut advenir, dans perspectives où ces concepts n’ont plus de sens, puisqu’on fait des hypothéses situées au delà du sens.