farioli
18 avr

La lettre 1

Le résumé du film de Marco Bellocchio La Nourrice (La Balia) parut en 1999 : Rome, début du siècle : la vie de Mori, médecin dans un hôpital psychiatrique qui choisit comme nourrice pour son premier-né, Annetta, une fille entr’aperçue dans une gare, parmi des révolutionnaires menottés et déportés. La jeune femme est en bonne santé et apte à remplir sa tâche. En réalité, Annetta, immigrée du début du siècle, est non seulement un “distributeur de lait”, mais aussi une jeune femme avec un monde intérieur, des sentiments, une histoire. Sa façon d’être, sa relation avec l’enfant remettra en question la structure normale de la famille et, en particulier, le rôle de la mère biologique, Vittoria, qui, par désespoir, par peur, et pour le bien de l’enfant, abandonne le domicile conjugal… Annetta, la nourrice s’est vue remettre par Vittoria une lettre de son mari emprisonné… Elle demande au docteur qui l’alphabétise de lui lire cette lettre…
En voici une traduction :
On me dit que quand on est enfermé dans le noir, il faut tout oublier, autrement on souffre trop, mais ici, je me suis habitué à voir la mer. La lumière. Le bruit des vagues. J’entends tout et je vois beaucoup. J’imagine même ce qui n’existe pas. Toi et le petit n’êtes pas loin de moi. Ce qui existe ne peut être effacé. Pense à toi, pense à lui, à tout l’amour que tu lui donneras sans exiger d’intérêts, à sa bienheureuse ingratitude. Bien des femmes ne sont que des épouses soumises qui se sont mariées par peur, par solitude, comme leurs mères. Par peur, elles baptisent leurs enfants et leur apprennent la peur. Reste toujours une femme libre. On peut tuer un homme physiquement ou socialement, mais on ne peut l’obliger à oublier les désirs, le sourire des autres, les caresses imprévues, la beauté de ce qu’il a vécu, ni lui-même.

La Nourrice (Cliquer dessus pour lire l’extrait)