Warning: file_exists() [function.file-exists]: open_basedir restriction in effect. File(/mnt/124/free.fr/e/8/catastrophy.b/wordpress/wp-content/plugins/image-shadow/cache/d71623bb23dddbfc469ae89b4d736945.jpg) is not within the allowed path(s): (/mnt/109/sdb/e/8/catastrophy.b) in /mnt/109/sdb/e/8/catastrophy.b/wordpress/wp-content/plugins/image-shadow/image-shadow.php on line 198

Il arrive ce terrible mois de mai 2007.
Nous nous en souviendrons comme d’un sombre abri encombré de millions de serpents noués.
Oui, j’ai aimé Mai 1968. Parce qu’il nous a fait croire, injustement croire, que ce vieux monde allait changer de peau.
Et que vraiment les merles seraient définitivement moqueurs, que la peur prendrait du plomb dans l’aile. Ô que la jeunesse soit toujours celle qui veuille faire incliner son monde, le remettre en question, et penser le partage comme la plus chevaleresque des qualités humaines.
Il en faut des nuits profondes pour d’hypothétiques aubes. Cependant j’ai la fragilité de croire que le beaufisme sied parfaitement à cette société et que l’humain n’est pas prêt à dépasser ce stade où le nombril et le ventre comptent plus que l’esprit. Ce serait se bercer d’illusions que d’imaginer le contraire.
Et l’espoir?
La vérité de ce mot marque le degré du déficit de conscience. Lorsque l’espoir s’incarne dans le Medef, alors, pour ne pas changer, les poètes peuvent crever comme des salopes. Oui, mais que serait un poète si sa crevessence n’était point liée à ses éternelles turpitudes. Dante lui-même ne crut pas un mot qu’il fût possible de guider Virgile dans le Paradis, d’ailleurs pas si paradisiaque que cela.
À propos de merles voici un petit texte, mince partie d’une nouvelle que j’ai écrite, il y a vingt ans… déjà… :
A peine avions nous fini de lire cette lettre, que Mai soixante-huit tomba comme un pavé dans l’aube. Un moment j’ai cru que l’histoire avait un sens à travers mon corps. Jamais une fille comme moi n’aurait dû être ici. Nous l’avons lu, tout se déroula comme le fil rude d’une bobine qui doit tisser la trame d’une toile format mi-figure, mi-raisin. Après y avoir à demi-réfléchi, je me lançais dans la bagarre, était-ce pour me défouler ou me dérouler, car je risquais gros ? Le 8 mai au soir j’étais au meeting de la Halle aux Vins, le vendredi 10 mai de la place Denfert-Rochereau jusqu’à Saint-Michel, j’ai vu les étudiants qui commençaient à dépaver… Et il y a eu l’espoir du 13 Mai. Fatiguée j’ai eu un malaise pendant la manifestation, je me suis assise sur un seuil à la hauteur des établissements Lévitan. Entassés dans une 4 L nous sommes allés à Nantes soutenir les travailleurs de Sud-Aviation, à quelques kilomètres de Rouen chez Renault Cléon, et à Renault Flins ; mais en revenant de Citroën-Javel où le patron, un certain Bercot, disait que « le profit c’est l’élément mâle de l’économie » notre vieille bagnole avec ses tracts, ses chaussettes sales, et son cric tordu, a rendu son âme révolutionnaire.
De la sorte, je fus insatiable. Très vite, les tics des orateurs, avec leurs deux index en revolvers, leurs deux poings sur la table, alternativement leur main droite passée dans les cheveux pour ramener la tignasse en arrière, me firent peur. Probablement ai-je cru en dormant dans un fossé, que le monde allait changer de base, que le noeud gordien du démuni et du gavé serait tranché comme une pomme en deux par un sabre, d’un geste pur. Par jeu, j’ai osé croire que le bois des loups soit transformé en camping temporaire. Or, si j’avais écouté battre parfois des coeurs de pigeons, je n’ai pas entendu le sifflet des merles moqueurs. Pas un jour pas une nuit je n’ai manqué d’en parler en moi à Constantia.
Soudain j’ai fait semblant de l’oublier. Qui a besoin d’un futur prestigieux, qui ?