farioli
16 mai

LA CREATION D’ADAM


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Dimanche. Paolo Delmonte fait attention de ne pas réveiller la belle Antonella qui dort nue comme la Vierge Marie pense-t-il. A moins d’admettre, si la Vierge dort, qu’elle a une garde robe de lisettes et de chemises de nuit. Les techniciens de la fresque terminent, en laissant un petit carré de cet espace tant vulgarisé par les médias – les compagnies d’assurances ou les agences de travail temporaire s’en servent pour faire de la publicité sur les panneaux urbains, on en a fait également des T shirts. Ce petit carré de quelques centimètres de côté, entre le doigt de Dieu et d’Adam, sera nettoyé pour le vernissage. Image médiatique. Dérisoire symbole. Plafond achevé. Le désordre pictural qu’avaient entraîné les lois de l’entropie, a fait place à un autre désordre, impeccable. Désordre uniforme et pur comme une haleine de top-model dans Vogue. A part quelques détails, sans importance, vus d’en bas et dans le bruit assourdissant qui va régner ici bientôt. Les accompagnateurs des voyageurs organisés vont devoir hurler encore plus fort pour se faire entendre. Paolo Delmonte note ce soir sur son calepin :
…La politique, le pouvoir, la gloire, l’immortalité et le beau sont les complices fugaces d’un dîner aux chandelles. L’homme peut farder l’histoire, avec des cosmétiques faits d’extraits de corps morts, d’affamés décomposés importés du Bengale. Il peut communiquer un sens faux à la multitude qui le plus souvent gobe toutes les balivernes de ceux qui la dirigent, y compris quand elle les a pendus hier par les pieds. Le monde quoique bâti sur le crime, la folie, le mensonge, le camouflage, la couardise, l’opportunisme, la lâcheté, se bâti aussi de la chair écrabouillée de leur contraire. Deuils définitifs et mariages temporaires célébrés dans l’équanimité d’une crypte. Le monde en création, enjeu de pouvoir de quelques-uns sur tous, va dans un sens inattendu, ayant surgi du chaos, il sait en resurgir. Cette résurrection se fait avec des bulldozers qui poussent des millions de corps suppliciés dans des charniers inoubliables, sur lesquels repoussent les coquelicots, la ciguë et les violettes, « de leurs délicates tiges les pérennelles larmes descendent en pierreries. »
J’ai sans doute trahi pendant des années la vérité anthropique d’une oeuvre devenue une aubaine pour les magazines en quadrichromie, les marchants de souvenirs et bien d’autres négoces. Les artistes ou ceux qui ensemencent les lendemains, par universalisme, ne croient pas en des vérités universelles. Ils savent que l’écho en montagne, par grand vent, n’est capté que par des oreilles rares, momentanément, qu’il finit par disparaître ou, par chance, ricocher sur une nouvelle réponse… Je crois, moi Paolo Delmonte, restaurateur-né, avoir fait toujours mon travail sans penser en mal ou en bien. Je l’ai fait parce que je suis qualifié.