farioli
29 oct

Macula


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Interview canon dans Le mag de  Magda Cârneci,  ( CC) Poète, essayiste, traductrice. Elle a fait un doctorat en histoire de l’art à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris (1997). Membre de la célèbre « génération 80 » de la littérature roumaine dont elle a été un des théoriciens, elle s’est impliquée activement dans la vie politique et culturelle roumaine pendant et après la Révolution de décembre 1989. Depuis 2007, elle est la directrice de l’Institut Culturel Roumain de Paris.

 

 Extrait : M.C. : Je crois profondément que nous nous trouvons, en tant qu’espèce et en tant civilisation, à un tournant décisif pour notre évolution ou notre involution, voire notre disparition. La quantité énorme de connaissances disponibles, la mise en connexion de toutes les cultures du monde entier, les pressions accrues que subissent les individus et les sociétés, la capacité d’influencer ou de détruire complètement le milieu environnant et beaucoup d’autres signes démontrent qu’on approche d’un moment où, après l’accumulation quantitative actuelle, un saut qualitatif sera nécessaire, voire une mutation intérieure, de nature psychologique. Nous vivons un instant critique, mais aussi d’ouverture, où plusieurs révolutions sont en cours, une révolution technique et scientifique, mais aussi une révolution sociale, culturelle, spirituelle ; en un mot, un renversement de la civilisation, si on peut dire. Le brassage des races, des cultures et des peuples a probablement porté son coup final, a constitué et constitue toujours un séisme nécessaire pour le dépassement des grandes barrières extérieures et intérieures et pour la transgression de nombreuses contraintes mentales artificielles, imposées par l’histoire et héritées d’elle. Nous nous trouvons au terme d’une époque dominée par la puissante légitimité rationaliste, avec sa logique linéaire et pragmatique de l’univers mental pur et dur, refusant obstinément d’autres modalités complémentaires d’aborder les questions de la nature, de l’homme et du cosmique. La pensée strictement rationnelle, qui utilisait des opérations binaires dont la charge holistique et prévisionnelle était drastiquement limitée par ses propres suppositions initiales, commence à faire place, lentement, mais irrépressiblement, à une pensée nourrie également d’autres dimensions de l’humain, de la dimension psychique d’abord et de celle du supra-mental ensuite. Il me semble assez évident que nous nous trouvons devant une nouvelle expansion de notre conscience actuelle, grâce aux expérimentations et aux efforts fournis dans de multiples directions : des sciences du micro et du macrocosme à la redécouverte des grandes traditions spirituelles orientales et à leur mise en connexion avec la tradition occidentale, du bombardement informationnel et de la communication instantanée en masse à la biologie génétique, du besoin de vivre des expériences « fortes », comme les drogues, le sexe, la musique, le sport de haute performance, à la religiosité, à l’ésotérisme et au New Age etc.. Toutes ces choses indiquent assez clairement le fait que nous nous trouvons à un moment où nous devons forcer les barrières de la perception et de l’intellect, agrandir le concept de l’humain, le transformer. Mais si nous ne conscientisons pas le sens de cette expérience géante, nous risquons de détruire l’humain. Il s’agit d’une expérience qui se déroule à l’échelle planétaire, dont les poètes et les artistes devraient témoigner avec ténacité et courage, à travers leurs vies, leurs œuvres et leurs prises de position, s’ils veulent garder leur rôle spécifique d’« illuminateurs de conscience » à l’intérieur du métabolisme général de l’humain, et respecter ainsi la « responsabilité visionnaire » de laquelle ils sont investis.