farioli
06 nov

Prémisses de l’horreur


Warning: file_exists() [function.file-exists]: open_basedir restriction in effect. File(/mnt/124/free.fr/e/8/catastrophy.b/wordpress/wp-content/plugins/image-shadow/cache/f6d593f3aa2074784033d3d9e0fed28f.jpg) is not within the allowed path(s): (/mnt/109/sdb/e/8/catastrophy.b) in /mnt/109/sdb/e/8/catastrophy.b/wordpress/wp-content/plugins/image-shadow/image-shadow.php on line 198

Warning: file_exists() [function.file-exists]: open_basedir restriction in effect. File(/mnt/124/free.fr/e/8/catastrophy.b/wordpress/wp-content/plugins/image-shadow/cache/e9a5b96cfdfaeff8061de18ec879860d.jpg) is not within the allowed path(s): (/mnt/109/sdb/e/8/catastrophy.b) in /mnt/109/sdb/e/8/catastrophy.b/wordpress/wp-content/plugins/image-shadow/image-shadow.php on line 198

Alain Collignon signe un article de vulgarisation qui mérite le détour. AgoraVox est vraiment le must en terme de journalisme sur le net. Je ne résiste pas au copier/collé :

 Alain Colignon

 

 

 Articles de cet auteur

Vous a-t-on volé l’argent qu’on vous prête ?

 

Par essence, la création monétaire ex nihilo que pratiquent les banques est semblable à la fabrication de monnaie par des faux-monnayeurs, si justement réprimée par la loi. Concrètement elle aboutit aux mêmes résultats. La seule différence est que ceux qui en profitent sont différents !   

Les lecteurs qui verraient dans ces propos, le délire paranoïde stupidement anticapitaliste d’un cassandre tourmenté ignorent sans doute que cette phrase est de Maurice Allais, prix Nobel d’économie en 1988.

 

Si le crédit est une chose bien commune, son fonctionnement est des plus complexes.

Le problème tient au fait que les quelques personnes qui comprennent le système du crédit sont, soit tellement intéressées par les profits qu’il engendre, soit tellement dépendantes des faveurs qu’il conçoit, qu’il n’y aura aucune opposition au sein de cette classe. D’un autre côté, les personnes incapables d’appréhender l’immense avantage retiré du système par le capital porteront leur fardeau sans se plaindre et peut-être sans même remarquer que le système ne sert aucunement leurs intérêts.

Nouveau paradoxe que ces propos nés sous la plume des Rothschild Brothers et qui rejoignent ce qu’Henry Ford disait en 1913 : « si le peuple comprenait comment fonctionne la monnaie fiduciaire et le système bancaire à réserves fractionnaires, il y aurait une révolution avant demain matin ».

Près d’un siècle plus tard toujours pas le moindre signe de révolte, pas d’émeute, pas de critique !

Et pour cause ! Ces citations qui n’ont rien de caricatural mettent l’accent sur l’incapacité du peuple à comprendre et donc à contester les mécanismes fondamentalement complexes et pervers du capitalisme et qui placent les privilèges des grands financiers de notre temps bien au-dessus de ceux des monarques les plus autoritaires du temps passé.

Le libéralisme est sans contestation possible le système économique le plus égalitaire que l’homme ait inventé, mais ce que nous prenons aujourd’hui pour du libéralisme n’est qu’un totalitarisme financier auquel le monde se soumet aujourd’hui comme il s’est soumis dans le passé au droit de cuissage, à la corvée, à l’église.

Le bonheur n’est pourtant pas possible dans le futur sans l’éradication pure et simple du système bancaire !

Tenter de vous expliquer clairement ce qui se passe est la raison d’être de cet article.

Pour illustrer une réflexion sur les problèmes sociaux, économiques ou politiques, il n’y a meilleur modèle de la société humaine que le « Modèle Robinson » c’est-à-dire celui d’une société faite d’hypothétiques rescapés d’un naufrage forcés d’organiser leur survie commune sur une île déserte.

La première nécessité de cette jeune société est évidemment d’assurer le maintien de l’ordre. Quelques individus choisis ou élus assurent cette mission : ce sont les « gardiens de Robinson Island ». En matière économique, il va de soi que les échanges sont initialement basés sur le troc, et l’on se contente d’échanger un poisson contre des fruits secs, un arc à flèche artisanal contre une poterie maladroite. 
Au fil du temps, il se pourrait que ce microcosme s’invente une monnaie fiduciaire, c’est-à-dire, basée sur la confiance. Ils choisiront donc des petits ostraca de terre cuite portant en garantie les empreintes digitales des gardiens de Robinson Island. Ces ostraca bénéficient d’une véritable valeur économique puisqu’ils sont fabriqués dans le but de couvrir exactement la contre-valeur des biens manufacturés et des services rendus : pièces de viande séchée, réserves de céréales, poteries et autres objets ou service de l’industrie humaine que les naufragés ont pu rétablir.

Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Trente ans ont passé. Les naissances sur l’île ont multiplié par deux le nombre d’insulaires et donc la productivité de la société. Des biens et des services nouveaux sont nés. Les gardiens de Robinson Island observent donc les difficultés qu’engendre le manque de monnaie. Il n’y a plus assez d’argent pour couvrir les transactions qui ont au moins doublé. Les prix chutent. C’est ce qu’on appelle la déflation. Les gardiens vont donc légitimement créer de nouveaux ostraca et les mettre en circulation, mais ils veilleront à ne pas en produire trop pour éviter l’effet inverse, c’est-à-dire la hausse des prix qu’induit un excédent de monnaie en circulation : c’est ce qu’on appelle l’inflation.

Cette société qui, comme toute société civilisée, est libérale sur les plans intellectuel, social et commercial, permet aux plus courageux, aux plus inventifs, d’être plus riches, c’est-à-dire, de devenir des citoyens qui disposent d’ostraca dont ils ne savent que faire. Il se pourrait donc qu’un groupe que nous appellerons « les prêteurs » se spécialise dans le crédit. Tout va bien et rien de pernicieux ne se passe tant qu’ils ne prêtent que l’argent qu’ils possèdent, appliquant ainsi le principe bien connu du droit romain : « Nemo plus juris aliquis ad allium transfere potest quam ipse habet ». Cela permet à ceux qui sont moins nantis de parier sur l’avenir et sur leur propre ambition.

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Trente autres années s’écoulent.

Les prêteurs sont de plus en plus riches, mais vu que la population et donc les activités ont de nouveau doublé, ils ne disposent plus d’assez d’argent pour répondre aux demandes de prêts. Deux solutions s’offrent dès lors à Robinson Island !

La solution logique passe évidemment par la création et la mise en circulation d’une nouvelle quantité d’ostraca, correspondant exactement à la croissance de productivité, comme cela a été fait précédemment. Les gardiens de Robinson Island ont pour mission de réaliser correctement cet ajustement, ce qui est aisé puisque c’est celui qui garantit la stabilité des prix !

La solution illogique consiste à ce que « les prêteurs » inventent les comptes en banque, l’idée étant de remplacer les ostraca par une inscription dans un livre. La fortune des gens ne s’estime plus désormais en comptant des ostraca, mais en regardant un nombre inscrit dans des livres de compte. C’est ce qu’on appelle la monnaie scripturale : une monnaie qui n’existe que parce qu’il est écrit qu’elle existe.

Jusque-là rien d’illogique me direz-vous !

Certes, non. Tant que l’inscription d’un avoir sur un compte est strictement couverte par un avoir réel, tant que l’argent qui figure sur votre compte existe bel et bien physiquement dans les caves des prêteurs, tant que les gardiens de Robinson Island conservent pour eux, le strict monopole de la création monétaire… 
Tout reste pour le mieux dans le meilleur des mondes !

Mais, comme, désormais, les ostraca existent par le simple fait d’une écriture, les prêteurs pourraient être tentés de prêter des ostraca qui ne sont pas dans leurs caves. S’ils font ce pas, ils s’approprient le rôle de créateurs de monnaie, normalement dévolu aux gardiens de Robinson Island. Le plus grave est qu’en faisant cela, ils créent une monnaie porteuse d’intérêt, ce qui ne saurait être le cas d’une création d’ostraca. Le pire est qu’ils fassent cela avec la complicité des gardiens de Robinson Island.

Là, rien ne va plus dans le moins bon des mondes !

Non seulement les prêteurs se substituent aux autorités de régulation, mais ils « vendent » aux citoyens, un argent qui leur appartient puisqu’il est le légitime reflet de la croissance de leur activité.

Les citoyens paient donc un intérêt sur de l’argent qui leur revient de droit et qui ne doit normalement servir qu’à couvrir les productions nouvelles qu’ils ont générées.

Trente années ont encore passé.

La croissance a de nouveau doublé. Les prêteurs s’enrichissent encore et actionnent la planche à ostraca scripturaux. Les citoyens s’appauvrissent. A terme, ils doivent débourser des intérêts pour la quasi-totalité de leurs activités et de leur croissance qui ne sont plus du tout couvertes par une création d’ostraca, ce qui diminue considérablement et globalement le pouvoir d’achat, ce qui appauvrit les insulaires, ce qui en fait les nouveaux esclaves du monde financier. Des esclaves dont les chaînes sont une succession de contrats de prêt.

Cette parabole décrit sans trop d’outrance le système des banques de crédit actuelles, qui se livrent à de véritables crimes contre l’humanité.

Voyons, un peu plus techniquement, quels sont ces crimes ?

Premier crime : la planche à billets.

La Banque centrale s’arroge le droit de créer de la monnaie, ce que seuls les Etats devraient être autorisés à faire au sein d’une Banque nationale dont les fonds seraient propriété de la nation. 
William Lyon Mackenzie King, ex-Premier ministre du Canada disait très justement : « Jusqu’à ce que le contrôle de l’émission de devises et de crédit soit restauré au gouvernement et reconnue comme sa responsabilité la plus flagrante et la plus sacrée, tout discours sur la souveraineté du Parlement et la démocratie est vain et futile… Une fois qu’une nation abandonne le contrôle de ses crédits, il n’importe plus qui fait ses lois… L’usure, une fois aux commandes, coule n’importe quelle nation ». 

Les banques centrales sont la cause « princeps » de ce phénomène, car elles créent de la monnaie électronique. C’est grâce à cette création de monnaie que les banques mondiales sont aujourd’hui sauvées de la déroute. Bien malheureusement ! Il va naturellement en résulter une inflation dont le contribuable payera les frais.
Ces fonds sortis de nulle part sont ensuite « distribués » aux « primary dealers » de la Fed : les banques de première ligne. 
Par quoi sont garantis ces fonds créés de toutes pièces ?

Par la réserve obligatoire qui représente la proportion des sommes scripturales créées ou prêtées (crédit par écriture bancaire) qui doivent être couvertes par des avoirs fiduciaires réels en réserve (équivalents des ostraca). En gros, elle définit le pourcentage d’un prêt que le prêteur doit réellement posséder.

Deuxième crime : le coefficient de réserves obligatoires.

Le drame et je dis bien le drame, c’est que ces banques de première ligne puissent créer autant de monnaie bancaire que le « coefficient de réserves obligatoires » fixé par la Banque centrale leur permet de créer et que ce coefficient soit si scandaleusement bas !
Le coefficient tel qu’il a été défini par le comité de Bâle II, sous l’égide de la Banque des règlements internationaux et tel qu’il a été publié dans la « Capital Requirements Directive » impose une couverture de 8 %. Une banque européenne peut donc créer 12 fois plus de monnaie scripturale qu’elle n’a de monnaie fiduciaire ! 
Plus stupéfiant : aux Etats-Unis et pour des raisons qui seraient trop longues à expliquer ici, le coefficient est à 2 % ! Une banque peut « créer » cinquante fois ses fonds propres. Pas étonnant que l’Oncle Sam soit le papa du « subprime mortgage ». 

Dans un système bancaire à réserves fractionnaires toute banque est d’office en faillite si on exige d’elle un bilan comptable objectif ! Voilà pourquoi le système bancaire mondial est arrivé aujourd’hui où il est ! On tente de nous faire croire que c’est le manque de solvabilité d’emprunteurs « à risque » qui a ruiné le système alors que c’est le coefficient de réserves obligatoires invraisemblablement bas et lui seul qui en est la cause.

Quelle solution ?
Une directive universelle qui porte le coefficient des réserves obligatoires à 100 %, ce qui revient à dire, qu’on ne peut prêter que ce qu’on a, ce qui revient à transformer les banques de crédit en intermédiaires commissionnés entre particuliers dont l’un est prêteur, l’autre emprunteur, ce qui revient idéalement à forcer l’Etat à reprendre un pouvoir qu’il n’aurait jamais dû perdre, celui de gérer la masse monétaire. 
Un Etat qui joue honnêtement son rôle de gérant de la masse monétaire, sans aucun interventionnisme d’une part et un coefficient des réserves obligatoires à 100 % d’autre part sont les deux conditions nécessaires et suffisantes du véritable libéralisme et d’une régulation saine des marchés. Elles sont les conditions de la richesse et de la prospérité !

Vous me direz… mais que fera l’Etat de l’argent qu’il devra créer pour éviter la déflation ?
Il fera ce qu’en ferait un particulier : il le dépensera, l’investira ou le prêtera, ce qui lui permettra de ne pas avoir de dette publique, de lever beaucoup moins d’impôts et de réaliser des grands travaux, le cas échéant somptueux.
Plus l’Etat sera stimulant, plus il pourra faire tourner la planche, plus il sera riche… Le cercle vicieux tournera dans le bon sens !

Je terminerai comme j’ai commencé : par une citation de Wright Patman, membre démocrate du Congrès et président du comité de la Banque et de la monnaie entre 1963 et 1975 : « Je n’ai jamais vu personne ayant pu, avec logique et rationalité, justifier que le gouvernement fédéral emprunte pour utiliser son propre argent… Je pense que le temps viendra où les gens demanderont que cela soit changé. Je pense que le temps viendra dans ce pays où ils viendront nous accuser, vous, moi, et toute personne liée au Congrès, d’être restés assis sans rien faire et d’avoir permis à un système aussi stupide d’être perpétué. » 

Mais le temps n’est pas encore venu !