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Fils d’Aïakès, Polycrate, tyran de Samos – île séparée de la côte Turque par un détroit de 2 kilomètres –, de 535 à 522 régna en despote absolu après avoir fait assassiner ses deux frères, Pantagnote et Syloson.
Par sa ruse, son instinct de prédateur et les réussites de ses stratégies d’intrusion, sa réputation d’invincibilité devint légendaire.
Avec ses cent vaisseaux à cinquante rames dotés de l’éperon en hure de sanglier typique des navires samiens, avec ses archers conduits par de vaillants chefs, il attaquait et pillait sans compter. Grâce à ses actions de pirateries, d’îles en îles (les Cyclades), de cités en cités, sur la côte anatolienne, son armée, se répandit comme une horde de loups sans faire de quartiers.
L’avisé Pharaon d’Egypte, Amasis II, constatant ces avancées du pouvoir de son ami et allié Polycrate, lui écrivit. Doit-on voir dans cette missive une tentative indirecte de prévenir le mauvais sort qui pourrait s’abattre sur Polycrate ou une prémonition sur sa future trahison lorsque Cambyse attaqua l’Egypte ? :
«Amasis à Polycrate.
Il m’est bien aise d’apprendre les succès de mon ami, de mon hôte. Connaissant la jalousie des dieux, un tel honneur me déplait. Je préfèrerai pour moi et ceux qui m’intéressent, l’alternance de succès et de revers. Un partage de la vie entre bonne et mauvaise fortune vaut mieux qu’un constant bonheur et un manque de vicissitude. Je n’ai ouï dire d’aucun homme qui, en toutes circonstances ayant été heureux, n’ait enfin péri malheureusement. Crois-moi, contre ta fortune, il vaut mieux suivre mes conseils. »
Et voici l’étonnante proposition du Pharaon :
« Examine quelle est la chose à laquelle tu es le plus attaché et dont la perte serait pour toi pénible. Quand tu auras trouvé cette chose, jette-là loin de toi, afin que personne ne puisse jamais la retrouver. Chaque fois que ta fortune t’accablera de ses dons, pour mélanger ses faveurs de disgrâce, ne manque pas d’employer le remède que je t’ai proposé. »
Il est concevable que Polycrate, ami du poète Anacréon, mécène, protecteur des arts et des sciences, mis en face d’un pareil doute, après réflexion, ait pu trouver le conseil d’Amasis poétique et judicieux. Quel pouvait être parmi tous ces trésors l’objet rare auquel il était si attaché et dont le sacrifice lui causerait quelque chagrin ?
Une bague. Une bague qui lui servait de cachet, Un anneau d’or au chaton d’émeraude réalisé par le fils de Téléclès, le minutieux Théodore de Samos dont on disait qu’il avait inventé l’art de couler le bronze. A propos de Théodore de Samos, pour démontrer son talent Pline raconte que celui-ci coula une statue pour se représenter fidèlement ; il y arborait une lime dans la main droite et dans la main gauche un char pour quatre chevaux d’une taille si minuscule qu’une mouche en bronze également exécutée par Théodore pouvait recouvrir le char et le cocher.
Polycrate se fit conduire au large de l’île sur un vaisseau de cinquante rames qu’il fit équiper pour la circonstance. À bonne distance de Samos, il ôta la bague de son doigt et, dans un geste solennel, balança le joyau dans la mer. De retour dans son palais, il put alors savourer son chagrin.
Quelques jours passèrent. Le hasard fit qu’un pêcheur ayant jeté ses filets aux alentours où avait eu lieu l’étrange cérémonie attrapa un poisson énorme. Devant une aussi belle prise, ce pêcheur considéra qu’elle devait être offert au roi plutôt que d’être vendu au marché. Bien entendu l’humble donateur fut récompensé par une invitation à dîner.
Lorsque les serviteurs ouvrirent le poisson pour le préparer, dans ses entrailles ils trouvèrent, Ô miracle !, l’anneau enchâssé d’émeraude. Tout excités, les serviteurs rapportèrent leur précieuse trouvaille à Polycrate qui en conclut qu’une chance pareille était signée des dieux.
Dans un rouleau de papyrus scellé par un sceau de cire avec l’empreinte de l’anneau, il fit part de cette aventure à Amasis.
C’est ainsi que le Pharaon su que rien ne pouvait détourner l’homme de son destin : l’avenir de Polycrate ne pouvait que mal se terminer. Amasis eut raison dans ses prévisions.
Alors que Polycrate se préparait pour la conquête de l’Ionie, invité à Magnésie du Méandre sous un prétexte fallacieux, fait prisonnier par un lieutenant de Darius, Orontès le satrape de Lydie, il fut accusé de trahison.
Après avoir été écorché vif, le tyran fut crucifié pour sécher au soleil.
Et l’anneau ?