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Il y a deux ans, face à la mer, nous discutions entre amis sur la terrasse de la maison spacieuse que je possède à Rubbestadneset. Au moment fatidique ou le soleil disparut pour longtemps, quand les roses, les bleus et les gris – Giotto n’aurait jamais imaginé qu’ils puissent exister ailleurs qu’en Italie – allaient se dissoudre, un de mes invités nous fit remarquer que, passé un certain âge, la nostalgie nous astreint à remonter aux sources, comme les saumons larguent leurs gènes, avant de mourir.
Mon invité ne s’est pas exprimé comme cela, c’était plus complexe, mais c’est ainsi que j’ai traduit la chose dans mon esprit emberlificoté.
Qu’il manque dans mon œuvre une correspondance est plus qu’une certitude. Est-ce trop tard ? J’ai soixante ans. J’ai écrit tant de mots qu’il n’y a pas assez de fjords pour qu’ils s’oublient, d’autre part, j’ai écrit si peu de lettres, j’ai si peu partagé avec les autres que leur incandescence ne durerait pas plus que celle d’une allumette.
Une amie sculpteur m’a ému en me faisant remarquer que malgré l’avènement du courrier électronique nous perdons de plus en plus le sens de cet échange, alors que théoriquement par la virtualité, c’est le chemin direct d’esprits à esprits, de tripes à tripes. La quantité n’est pas indispensable, nous fit-elle remarquer, moi, précisa-t-elle, mon œuvre essentielle ce sont les cinq lettres écrites à une statue d’un parc de Bergen.
— Une statue dans un parc de Bergen ? mais à quelle adresse as-tu envoyé ces lettres ?
— C’est simple, répondit-t-elle, je les ai déposées dans l’herbe, au pied de la statue.