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Songes, Mensonges et Cinéma sur la vie du petit Jésus.
(tu es poussière et retournera poussière)
Il semblerait, aux dernières nouvelles d’Hollywood Boulevard News ou de Bombay Sun, dont les journalistes ne sont pas n’importe quel Pierre, Paul ou Jacques, que des chercheurs (encore anonymes et mal payés), auraient découvert des informations révolutionnaires sur la vie d’un Jésus.
Ces nouvelles, entrefilets parmi les factuels, et dont il faut encore prendre avec des pincettes bénies, indiquent des premières présomptions, à partir d’un nouveau texte récemment découvert sur les bords de la Mer Morte dans la peau d’une queue de bourriquot cousue, que le Christ à ne pas confondre avec, mal nommé, ne serait pas mort sur la croix, mais pendu tel que semble l’affirmer Appolôs.
Comme la légende d’Attis pendu à un pin, le Maître de Justice a-t-il été pendu ? Et, comme Osiris et Tammouz, ressuscité trois jours après ?
Pendu haut et court ?
Si ces révélations révolutionnaires s’avéraient exactes, ce qui dépasse et de loin les intentions des lignes de ce texte, il faudrait que les Chrétiens changent radicalement de logo en remplaçant la croix par le nœud coulant. Resterait alors un problème de convenance dans la représentation réaliste de la mort du pendu qui ne serait plus seulement un jeu où un mot à son importance, mais l’origine d’une religion. Faudrait-il montrer qu’en mourant ce pauvre homme, comme tout pendu qui se respecte, bandait ou pas ? De toute manière Dieu fait homme bandait !, au moins le matin. Avait-il des pollutions nocturnes ? Quel pouvait être la taille de son pénis en érection ? Combien de fois s’est-il masturbé pendant environ trente-deux années ? Normalement, les kabbalistes d’aujourd’hui, ceux qui marchent sur l’eau et, bien entendu, doués pour les chiffres, devraient pouvoir répondre à cette question cruciale pour l’avenir d’Hollywood et de Bombay.
Oui, maintenant que le pendu, enfin le Christ soi-disant crucifié, est devenu une valeur cinématographique sûre, il va falloir encore plus de sang, de sexe et de police. Il paraîtrait aux dernières nouvelles d’Hollywood Boulevard News ou de Bombay Sun que le père du Christ n’était pas charpentier, mais un genre de flic ou de détective privé, spécialiste en filature, et que sa deuxième ou troisième épouse Marie était une espionne (sorte d’agent double, sorte de Mata Hari ne-te-couche-pas-là). Désormais, Il faudra combiner ces dernières nouvelles (pas encore tout à fait scientifiquement prouvées) pour la réalisation de futurs films de cow-boy, de polices et d’espionnage. Manque comment faire des films d’amour et de sexe sur l’Origine du Christianisme, sauf si le Christ pendu, avait eu des penchants homosexuels et que ce serait probablement pour cette raison qu’il n’aurait pas été crucifié, mais pendu en compagnie galante de deux bandits avec lesquels il aurait, par impure hypothèse, fricoté. Il est vrai que le manque cruel de femmes parmi les Apôtres semble usuellement suspect. Nous marchons si légèrement dans notre monde plein de bonnes intentions cinématographiques que, plus que marcher sur l’eau, nous marchons sur la tête. Miracle ! Ô que cette danse macabre à l’envers est joyeuse et joyeuse cette épiphanie.
Loin de nous l’idée de vouloir froisser la foi de ceux qui vénèrent cette histoire truffée de mensonges et d’erreurs, loin de nous l’idée de rire d’un scénario ancien qui a tant bouleversé notre monde au point d’être plus ou moins à l’origine de rivières de sang qui n’ont pas fini de couler et qui sont autrement plus importantes que le petit flot de cette encre qui ne vaut pas plus qu’une encre de poulpe(*) effaré par l’étrange et la prédation à son encontre. Aller dans les églises montre que la foi catholique et le sang vont bien ensembles. Par conséquent, il est normal que la foi Chrétienne et Hollywood aillent bien ensembles. Seront-nous maintenant mangés ou pendus ?
Ceux qui souffrent de voir leur honneur humain entaché par tant de spectacle de la douleur transformé en dollars qui, s’ils sautent ça et là, ne trébuchent pas , ont-il quelque chose à dire à part de réfléchir par eux-mêmes avant d’être inviter, sous contrainte, à dépenser leurs sous ?
(2004)
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