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Nous étions le 14 février. C’était encore un autre jour de sec et chaud à Valentine. Les rues de la ville avaient été décorées et les magasins brillaient de leur meilleur éclat. En général, les habitants de Valentine aiment leur ville, mais ce jour singulier prend un sens complice pour notre communauté ; tout le monde semble s’être réconcilié. Les gens se parlent et communiquent différemment. Avec raison on peut dire que le jour du 14 février n’est comparable à aucun autre ; chaque 14 février c’est la même comédie. Pour les habitants de Valentine, chaque année, la Saint Valentin est l’occasion d’une grande fête. Bien sûr les routes qui convergent ici sont signalées par un Welcome to Valentine, Love Capital of Texas, mais, il s’y ajoute, au-dessous, des pancartes qui indiquent Closed for valentine day célébration.
En effet, nul, venu de l’extérieur à la ville, n’est autorisé d’y pénétrer : ce jour, pour nous, est le nôtre, rien que le nôtre. Les hommes du shérif sont sur le pied de guerre. Le shérif, Dan Morris, quadrille les abords de la ville avec les voitures de police, de manière à empêcher l’intrusion de tout étranger. Le reste de l’année, les habitants sont très heureux d’avoir la visite d’éventuels touristes, c’est bon pour le commerce. Le jour de la Saint Valentin notre ville est en auto blocus.
Pas d’étranger ? Il y avait cependant depuis quelques jours une visiteuse de marque connue de tous pour le mythe de sa beauté. La cousine de James O’Maedrew le plus célèbre armurier de Valentine : July O’Maedrew.
Montant la rue principale, elle venait vers moi.
Venait-elle ? Sa silhouette fragile flottait dans un air fétide qui empestait les vapeurs de carburant et le caoutchouc. La silhouette de la cousine de James O’Maedrew vibrait et semblait immobile à la fois, comme si un Jérôme Bosch d’aujourd’hui (est-ce possible ?) l’avait peinte pour la faire sortir d’un tube de verre. Des bêtes immondes accompagnées, par milliers, d’hybrides, mi-serpents mi-cancrelats, se traînaient à ses pieds. Autour, on pouvait imaginer des machines gigantesques broyant de la chair à saucisse. On pouvait aussi imaginer qu’au son d’une fanfare de jeunes adolescentes déguisées défilaient, pour un improbable rodéo, sous des guirlandes d’angelots peints dorés et fabriqués en mousse de polyuréthane. Accompagnées du célèbre morceau : Leave me in the hands of love, chanté langoureusement par une voix féminine projetée par les haut-parleurs dont le son luttait contre le vent, les filles de cette parade balançaient en rythme leurs minijupes blanches, façon cow-girls. Un gigantesque barbecue se préparait dans ce tintamarre où roulaient des sphères d’acier venues de nulle part. Au milieu de ces formes étranges, traversant ce sillage de lumière et de poussières, la frêle silhouette de July O’Maedrew, aussi blanche qu’une victime d’un transvasement sanguin, flottait et avançait, tel un petit rat d’un opéra satanique. Avec les coups de grosse-caisse et sous les pulling d’une basse, sa danse scandait la musique en technique de ralenti.
Je la fixais.
Elle m’hypnotisait.
Nous semblions magnétiquement liés ; et l’attracteur de mes pulsions m’invitait à marcher vers elle afin de souhaiter à cette créature de mes rêves une fête de la Saint Valentin concrétisée en liens positif/négatif. Les gens qui festonnaient notre espace, malgré leurs sourires acidulés, ne pouvaient deviner que nous étions deux mondes neufs et que nous devions fusionner. Fusionnerions-nous ? Nous devrions fusionner ! Et, les rires, le saccage sonore de la parade, le bruit, la foule, le vent participaient à ce rapprochement inéluctable.
July O’Maedrew arriva à ma hauteur.
Je pus voir, tout en courbes souples, son corps par les détails sous sa robe de mousseline transparente. Nous fîmes quelques pas encore, et, à cet instant, je me rendis compte qu’elle avait un visage boutonneux.
Cette pathologie ne ressemblait pas aux boutons d’allergie qu’occasionne le lait ou ses dérivés ; non, sa peau était œdémateuse de manière centrifuge, recouverte en diagonale d’une folliculite profonde et nécrosante. Entraînant des croûtes dans les effondrements de l‘épiderme, une lave coulait de ces purons, comme si cette éruption, à peine commencée, annonçait une catastrophe.
Le visage devint horrible.
Un visage tordu par la maladie et sa souffrance au-dessus d’un port de reine. C’était indigne de l’élan (ou contradictoire avec l’élan) qui m’avait conduit vers elle, ce jour de la Saint Valentin. C’était indigne, également, de ce qui motivait mon attirance vers celle dont j’avais, pendant un temps suspendu comme ces guirlandes, imaginé pouvoir à jamais m’y fondre et m’y confondre. Autour de nous, maintenant le silence s’était imposé.
La ville devint déserte.
Nous étions seuls.
En ce moment fatal, il me sembla que rien de tout cela n’avait réellement existé. Ni cette ville, ni la Saint Valentin, ni moi, ni la prétendue belle July O’ Maedrew.