farioli
29 juin

Césures


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Outils

Comme l’inconscient de Lacan, la pensée se structure-t-elle comme un langage ?,  ou des langages. Sans aucun doute c’est réduire considérablement la pensée que de la lier formellement au langage. Par exemple : si dans ma tête, je fais pivoter un tétraèdre à la recherche d’un angle donné, ma pensée dépasse le langage. Mais dans la réflexion linéaire, univoque, pensée et langages sont connectés et interdépendants.  Entre autres, Le langage est basé sur la numérotation : un, le, des,  du. Et si la pensée était justement ce qui veut arriver à gommer un, les, du ! ( phrase importante y réfléchir !)

 La syntaxe s’organise vers un sujet ou vers un objet, mais encore, vers des sujets ou des objets. Aucun nom (à part le nom propre) n’existe sans l’article qui en fait le décompte.  Quand elle est en prise avec le langage, la pensée aussi fait ce travail de numérotation : singulier /pluriel.  Mais fort heureusement la pensée peut s’émanciper de la numérotation justement parce qu’il n’existe pas de syntaxe de la pensée.

Par sa sauvagerie et par la dynamique que lui confère la prise de conscience, la pensée est antisystémique.  Antisystémique signifie que la pensée (qui le veut ?)  tend à échapper à sa mise en œuvre idéologique, une échappée constante, comme une dérive vue d’un sens et  une libération/ exploration vu d’un autre : soi. C’est,  si on veut le formuler autrement, l’aspect paradigmatique de la pensée.

 

 Pendant des siècles, le seul environnement que nous connaissions était celui de l’échelle  de grandeur qui nous est fourni par notre vision. Il y a eu la lunette et le microscope qui nous ont fait découvrir le monde avec plus de complexité. L’intelligence, la pensée qui l’exprime et le langage se sont construit sur cette échelle entre ce que nous  appelons  maladroitement l’infiniment grand et l’infiniment petit (par rapport à notre vision et notre activité millénaires). Nous savons que les notions d’engrainissement qui situent différentes échelles de « la matière» est un arte fact de la pensée. Ces échelles n’existent pas comme indépendantes ou interconnectées. C’est nous qui les codons comme telles. Lorsque nous codons le monde,  par césures successives, nous le déformons.  Il faut bien essayer de tordre le monde ou le scander pour qu’il puisse nous être compréhensible avec les outils conceptuels qui sont les nôtres au moment de notre tentative d’explication toujours datée.

Penser c’est déformer.

 

 

 Le monde est voilé a dit avec tact  Bernard Espagnat (Le Réel voilé, analyse des concepts quantique. 1994). Nous allons au cours de ces leçons de mots et de choses indiquer que c’est faux. Le réel n’existe pas. Parce que « Le » réel est une expression qui contient deux fautes : « le » et « réel » ; voilé étant une métaphore élégante, mais une métaphore. 

Métaphore et métonymie ( fond /forme) sont deux manières  de vulgariser la réalité physique, mais  aussi trahissent ce qui est innommable par l’introduction d’un article. Donc, innommable, sans une convention syntaxique qui orienterait la pensée vers une notion ouverte. Il serait amusant de nommer par  « Toujours » ce que nous nommons Univers. Mais n’importe quel mot convient à la condition qu’il n’y ait aucun soupçon  quantitatif ou qualitatif.

 

Nous divisons. Mais c’est une manière d’explorer qui ne rend pas compte de ce qui est indivisible. Rien n’est moins faux que la notion d’univers. Peut-être peut-on dire que la notion d’univers (et toutes ses extensions) est la fusion entre une métaphore et une métonymie. Je me souviens d’un professeur de géographie qui nous disait : sur les vagues il y a un être vivant qui vit si peu de temps que pour lui  la mer est immobile. Cette manière simpliste de parler de la relation entre le milieu et les éléments qui composent ce milieu  rendait compte que  l’observateur  est berné. Galilée et Einstein nous ont démontré comment les apparences sont trompeuses. Mais si penser c’est toujours déformer aussi ; comprendre devient extrêmement complexe sans des outils conceptuels qui ne sont malgré tout que des outils. Je me souviens d’une réflexion d’un « éminent » (qualificatif marrant) chirurgien du cerveau qui disait que, pour l’instant, (avec les outils du moment) (années 90 du siècle dernier),   opérer un cerveau revient à se servir d’un fusil-mitrailleur pour dépecer un lapin.  Il en est de même avec les outils conceptuels fussent-ils des métas.

 

Parce qu’être observateur c’est ne voir que ce que permet  le fait d’être un observateur avec le handicap des outils conceptuels en plus. Imaginons un méta observateur qui serait partout à la fois, y compris dans toutes les dimensions, indépendant de ces dimensions, qui occuperait toutes les pensées possibles, y comprit dans le four  où Aristote disait que Dieu y était présent. Disons par humour au four comme au moulin,  peut-on appeler « cela » un observateur ?

 De quoi font partie les pensées que Flaubert a eues pendant qu’il écrivait l’Education Sentimentale ? Pour moi, tel caillou et ces pensées n’ont aucune indépendance. Sans le caillou pas de pensées sans ces pensées pas de caillou possible. Pour réitérer avec un peu plus de d’illustration, ce que j’ai écrit dans le premier texte :  tout  n’est pas même un. Plusieurs est un codage. C’est, sans doute, le codage le plus voilant. Nous allons essayer d’aller dans cette direction et d’y déjouer quelques pièges qu’en raisonnant nous produisons.

 

Univers absolu.

J’ai commencé, il y a longtemps l’idée amusante que nous étions l’univers en étant une partie.

Qu’à travers nous « l’univers absolu » prenant conscience de lui-même. Quand je parle c’est « l’univers absolu » qui parle ; la preuve c’est que je dis :

-       Moi, « l’univers absolu » je parle et j’apprends.

-        Non !,  Tu n’est pas l’univers absolu.

Cette deuxième affirmation implique que la première était juste. Car seul « l’univers absolu » « peut répondre » ce genre de chose, car « il » inclut les deux possibilités et bien d’autres dont celle de « s’affirmer et se nier » : « sa » conscience est en mouvement. Si, comme Gilles Deleuse le présuppose, la pensée se fait une image d’elle-même, alors, sans doute, « l’univers absolu » pense et crie. Notons que les quelques guillemets ici soulignent l’anthropomorphisme de ces métaphores, le langage ne peut s’exprimer différemment, donc considérons cela comme  une stratégie d’expressions fausses, utiles pour passer outre de telles difficultés « conceptuelles ».

 Notre propos étant justement par ce type de langage de stimuler la pensée vers des brisures se sens. 

 Comme contradiction à ce genre de délire cognitif, je me demandais si  cette idée que la conscience de « l’univers absolu » n’était pas achevée (et de loin) , n’était qu’un  reste de son développement passé dans un coin comme sur terre. Un peu comme un vieux bruit de fond.

Rien n’est moins anthropomorphique que cette notion d’univers physique qui sert à combler  notre  ignorance. « L’univers absolu » me semble moins anthropomorphique, c’est une métaphore et une métonymie fusionnée pour désigner, mal, en dépit des codages et du langage, ce qui ne peut être désigné, surtout précédé par un article. Mais cette formulation englobe l ‘innommable. Qui peut le plus peut le moins.

« L’univers Absolu », monstrueuse parabole, est l’absorption de tout ce qui est imaginable plus ce qui est inimaginable ici, en l’état de nos consciences ; toutes, aujourd’hui.

 Je reste néanmoins persuadé qu’il faut approfondir cette idée  et qu’il n’y a pas de discontinuité. Jamais.

  Je reste  aussi presque persuadé qu’il « est » (semble) impossible de connaître autre chose que de l’inclusion. Question, cependant : s’il n’y a que de l’inclusion il n’y a pas d’inclusion. Le langage montre ses limites. Il dit « univers absolu » et fait une réduction et une déformation. Mais c’est ce que sous-tendent ces erreurs qui montrent le chemin.  Dire mal pour signifier à la pensée qu’elle doit se frayer un chemin dans une jungle, dans le foutoir des mots les plus justes.

 

  Il n’existe à ce jour aucun outil conceptuels capables de rendre compte de  ce que cette notion d’inclusion  ( fausse ?) indique  une non-discontinuité du sens. Pour Espagnat,  plus nous nous rapprochons du réel physique plus il nous est voilé. La conscience se heurte aux lois de la nature (nos lois) qui impliquent que l’univers physique nous est mathématiquement voilé. Ce qui veut dire que nous désirons une réponse finale, mais qu’elle est impossible. Hors l’erreur, c’est de croire qu’il existe une réponse. L’erreur est d’interroger le réel physique  pour que la réponse termine la pensée. Mettre en boîte quelque chose qui n’existe ni comme objet ni comme sujet.

 

Lorsqu’une personne raconte un voyage, elle divise en partie (photos, anecdotes, hôtels, rencontres…), mais on peut dire que, comme un roman, un voyage pourrait demander une infinie suite de nuits d’insomnie plus une pour être raconté. On ne dit rien d’un voyage si nous ne l’avons pas vécu. Le voyage des autres nous est définitivement voilé.

 

 Pour continuer ce périple dans le monde des mots et des choses. Il nous faudra faire cela par touches successives en évitant un discours figé. Il nous faudra prendre des risques, passer par des endroits escarpés. La mer n’est rien sans la montagne.  Notre direction c’est toutes sortes d’interrogation et de stratégie cognitives pour « découvrir » l’arlésienne philostrophique  (catastrophe philosophique): l’univers absolu.